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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/51

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Qu’on ne me croie plus jamais si je ne l’attaque ;
Je conquerrai Durandal avec mon épée,
Français mourront, France sera détruite. »
À ces mots, les douze Pairs se rallient.
Ils emmènent avec eux cent mille Sarrasins
Qui s’encouragent et se hâtent au combat.
Ils vont s’armer sous une sapinière.


LXXXI

Les païens se revêtent de hauberts à la sarrasine
Qui, pour la plupart, sont à trois rangs de mailles.
Ils lacent leurs excellents heaumes de Saragosse
Et ceignent leurs épées d’acier viennois.
Leurs écus sont beaux, leurs épieux sont de Valence,
Leurs gonfanons sont blancs, bleus, ou vermeils.
Ils laissent là mulets et palefrois
Et s’en vont, étroitement unis, sur leurs destriers.
Le jour fut clair, et le soleil splendide.
Pas une armure que ce soleil n’enflamme ;
Mille clairons sonnent pour que ce soit plus beau.
Grand est le bruit, et les Français l’entendent.
Olivier dit : « Mon compagnon, je crois
Que nous pourrons avoir bataille avec les Sarrasins. »
Roland répond : « Dieu nous l’octroie !
Ici nous devons tenir pour notre Roi.
Pour son seigneur on doit souffrir détresse
Et endurer et grand chaud et grand froid,
Et perdre aussi et du cuir et du poil.
Que chacun s’emploie à donner de grands coups.
Pour qu’on ne chante pas sur nous de mauvaise chanson.
Les païens ont tort, et les Français ont raison.
Jamais ne viendra de moi le mauvais exemple. »