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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/55

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LXXXVII

« Ami Roland, sonnez votre olifant ;
Charles, en train de franchir les défilés, l’entendra.
Je vous assure que les Francs retourneront,
— À Dieu ne plaise, lui répond Roland,
Que jamais homme vivant puisse dire
Que j’ai sonné du cor pour des païens !
Mes parents n’en auront pas de reproche.
Quand je serai dans la grande bataille
Je frapperai mille et sept cents coups,
Vous verrez de Durandal l’acier sanglant,
Les Français sont bons et frappent en braves ;
Ceux d’Espagne ne sauraient échapper à la mort »


LXXXVIII

Olivier dit : « Je ne vois guère où serait le blâme.
Pour moi, j’ai vu les Sarrasins d’Espagne,
Couverts en sont les vaux et les montagnes
Et les landes, et toutes les plaines.
Grande est l’armée de cette gent étrange.
Et que petite est notre compagnie ! »
Roland répond : « Mon ardeur s’en augmente.
Ne plaise à Dieu ni à ses très saints anges
Qu’à cause de moi France perde sa valeur.
Mieux vaut mourir que supporter la honte.
C’est pour nos rudes coups que l’Empereur nous aime ! »


LXXXIX

Roland est preux, et Olivier est sage,
Ils ont tous deux un merveilleux courage,
Et, puisqu’ils sont à cheval, et en armes,
Ils aimeraient mieux mourir qu’esquiver la bataille.
Les comtes sont braves et leurs paroles fières.
Les païens félons chevauchent avec une grande rage.