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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/56

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Olivier dit : « Roland, voyez un peu :
Ils sont trop près, et Charles est loin de nous
Vous ne daignâtes point sonner de votre olifant ;
Si le Roi était là, nous n’aurions point de dommage.
Jetez les yeux là-haut, vers les défilés d’Aspre,
Vous pouvez voir dolente arrière-garde :
Qui en fait partie ne fera plus partie d’aucune autre. »
Roland répond : « Ne nous insultez pas ainsi !
Maudit celui qui porte un lâche cœur !
Nous resterons de pied ferme en la place.
De nous viendront les coups et la bataille ! »


XC

Quand Roland voit qu’il y aura bataille,
Il devient plus fier que lion et que léopard.
Il apostrophe les Français, interpelle Olivier ;
« Cher compagnon, ne dites plus cela ;
L’Empereur, qui nous a confié ses Français,
A mis à part les vingt mille que voici.
Et il sait bien qu’il n’y a pas un couard parmi nous.
Pour son seigneur, on doit souffrir grands maux,
Endurer froids rigoureux et dures chaleurs,
On doit savoir perdre son sang et sa chair.
Frappe de ta lance, et moi, de Durandal,
La bonne épée que le Roi me donna.
Et si je meurs, peut dire qui l’aura :
C’était l’épée d’un très noble vassal. »


XCI

D’autre part est l’archevêque Turpin,
Il pique son cheval et monte sur un endroit découvert.
Puis s’adresse aux Français et leur fait ce sermon :
« Seigneurs barons, Charles nous laissa ici,
Pour notre Roi nous devons bien mourir ;
Veuillez aider à soutenir la chrétienté.
Vous êtes sûrs d’avoir une bataille,