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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/57

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Car, sous vos yeux, vous voyez les Sarrasins.
Battez votre coulpe et demandez à Dieu merci,
Je vous absoudrai pour guérir vos âmes ;
Si vous mourez, vous serez de saints martyrs.
Sièges aurez dans le grand Paradis. »
Les Français descendent et se mettent à terre ;
L’archevêque les bénit au nom de Dieu,
Et, pour pénitence, il leur ordonne de bien frapper.


XCII

Les Français se redressent et se mettent debout.
Ils sont dûment absous et quittes de leurs péchés ;
Au nom de Dieu, Turpin fait sur eux le signe de la croix.
Puis, ils sont montés sur leurs destriers rapides,
Ils sont armés comme des chevaliers
Et tout appareillés pour la bataille.
Le comte Roland interpelle Olivier :
« Sire compagnon, vous savez très bien
Que c’est Ganelon qui nous a tous trahis.
Il en reçut or, avoir, et deniers :
Notre Empereur devrait bien nous venger.
Le Roi Marsile a fait marché de nous.
Mais c’est avec nos épées que nous réglerons le compte ! »


XCIII

Aux défilés d’Espagne passe Roland
Sur Veillantif, son bon cheval courant.
Il porte ses armes d’un air avenant
Et s’en va, le preux, en brandissant son épieu
Dont il tourne la pointe vers le ciel,
Et au bout duquel est un gonfanon tout blanc.
Les franges d’or lui tombent jusqu’aux mains.
Il a le corps bien fait, le visage clair et riant.
Son compagnon vient après, le suivant.
Et ceux de France le nomment leur garant.
Vers les Sarrasins, il regarde fièrement,