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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/58

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Et vers les Français humblement, doucement,
Il leur a dit ces mots, courtoisement :
« Seigneurs barons, marchez au petit pas ;
Ces païens vont chercher un grand martyre,
Nous aurons aujourd’hui un riche butin.
Nul roi de France n’en fit jamais de pareil. »
À ces mots, les deux armées s’abordent.


XCIV

Olivier dit : « Ce n’est plus l’heure de parler.
Vous ne daignâtes point sonner votre olifant.
Vous n’aurez aucune aide de Charlemagne ;
Ce n’est pas sa faute, car il n’en sait mot, le preux,
Et ceux qui sont avec lui ne sont pas à blâmer.
Chevauchez donc du mieux que vous pourrez,
Seigneurs barons, et ne cédez point de terrain.
Au nom de Dieu, mettez-vous bien dans la pensée
De recevoir et de frapper de bons coups.
Et n’oublions pas le cri de guerre de Charles. »
À ces mots, les Français ont crié :
« Montjoie ! » et qui les eût ouï crier
Eût pu se faire une idée de leur courage.
Puis ils chevauchent. Dieu ! avec quelle fierté !
Piquent des deux, voulant aller plus vite,
Et vont frapper, — que feraient-ils de mieux ? —
Mais les Sarrasins n’en sont pas épouvantés,
Voilà Français et Sarrasins aux prises.