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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/61

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Pas d’homme sous le ciel qu’il ne haïsse autant que ce païen,
Il pique son cheval de ses éperons d’or fin,
Et, de toute sa force, il est allé le frapper.
Il lui brise l’écu, il lui fracasse le haubert,
Il lui met sa grande lance au milieu du corps.
Il la pousse si rudement qu’il le fait chanceler,
À pleine lance, il l’abat mort sur le chemin.
Il regarde à terre et y voit le glouton gisant.
Il ne laisse pas de lui parler et dit :
« Lâche païen, vous en avez menti.
Mon seigneur Charles est toujours notre appui.
Et nos Français n’ont pas envie de fuir.
Nous arrêterons sur place tous vos compagnons.
Quant à vous, une nouvelle mort vous attend.
Frappez, Français, que nul de vous ne s’oublie !
Ce premier coup est nôtre, Dieu merci ! »
Puis il crie : « Montjoie » pour rester maitre du champ.


XCVIII

Et Gérin frappe Malprime de Brigal,
Son bon écu ne vaut pas un denier ;
Il lui brise la boucle de cristal tout entière,
Une moitié en tombe par terre ;
Il lui rompt son haubert jusqu’à la peau
Et lui enfonce au corps sa bonne lance.
Le païen tombe à terre d’un seul coup.
Satan emporte son âme.


XCIX

Son compagnon Gérier frappe l’émir.
Il lui brise l’écu, lui démaille son haubert.
Lui met son bon épieu dans les entrailles.
Le pousse si rudement qu’il le transperce.
Et qu’il l’abat mort sur le champ à pleine lance.
Olivier dit : « Oh ! la belle bataille ! »