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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/64

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Le blanc haubert aux mailles menues,
Et tout le corps jusqu’à l’enfourchure,
Jusqu’à la selle qui est couverte d’or.
L’épée entre dans le cheval,
Lui tranche l’échine sans chercher la jointure,
Et abat mort l’homme et la bête sur l’herbe drue du pré.
Il lui dit ensuite : « Maraud ! tu as eu tort de venir,
Ton Mahomet ne te viendra pas en aide.
Tel glouton ne gagnera pas la bataille. »


CVII

Le comte Roland chevauche parmi le champ de bataille ;
Il tient Durandal, qui bien tranche et bien taille ;
Des Sarrasins il fait un grand carnage.
Ah ! si vous l’aviez vu jeter un mort sur l’autre,
Et le sang clair répandu sur la place.
Le haubert et les bras de Roland sont sanglants,
Le cou et les épaules de son bon cheval sont sanglants.
Olivier, pour frapper, n’est pas en retard.
Les douze Pairs ne méritent aucun blâme,
Et les Français continuent à frapper et à massacrer.
Les païens meurent, et quelques-uns se pâment.
L’archevêque s’écrie : « Elle va bien, notre noblesse ! »
Puis il s’écrie : « Montjoie ! » c’est le cri de guerre de Charles.


CVIII

Olivier aussi chevauche à travers la mêlée ;
Sa lance est rompue, il n’en a plus qu’un tronçon
Et va frapper un païen : Malsaron.
Il lui brise son écu, orné d’or et de fleurons ;
Il lui fait jaillir les deux yeux hors de la tête,
Et la cervelle du païen lui tombe sur les pieds ;
Il l’abat mort avec sept cents des siens.
Puis, il a tué Turgis et Estorgus,
Mais sa lance a volé en éclats jusqu’à son poing.
Roland lui dit : « Compagnon, que faites-vous ?