Aller au contenu

Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce n’est pas un bâton qu’il faut pour telle bataille,
Mais c’est le fer et l’acier qui doivent y être bons.
Où est votre épée qui a nom Hauteclaire ?
Sa garde est d’or et son pommeau de cristal.
— Je ne la puis tirer, répond Olivier,
Car j’ai trop affaire de frapper. »


CIX

Sire Olivier a tiré la bonne épée
Que lui a tant réclamée son compagnon,
Et, en vrai chevalier, il la lui a montrée.
Il frappe un païen, Justin de Val-Ferrée
Il lui coupe la tête par le milieu,
Il lui tranche le corps et aussi sa broigne brodée,
Et sa bonne selle incrustée d’or.
Il tranche aussi l’échine du destrier.
Il abat morts sur le pré le cheval et le maître.
Roland lui dit : « Je vous regarde comme un frère ;
C’est pour de pareils coups que l’Empereur nous aime.
De toutes parts, on entend crier : « Montjoie ! »


CX

Le comte Gérin sur son cheval Sorel,
Et son compagnon Gérier sur Passe-Cerf
Lâchent les rênes et, piquant de concert,
Ils vont frapper le païen Timozel,
L’un dans l’écu, l’autre sur le haubert ;
Ils lui brisent dans le corps leurs deux épieux,
Et l’abattent mort au milieu d’un guéret.
Je n’ai pas entendu dire, je ne sais pas
Lequel, dans cette circonstance, fut le plus vif.
Esperveris, fils de Borel, était là.
C’est Engelier de Bordeaux qui le tua.
Puis Siglorel meurt de la main de l’archevêque,
Siglorel, cet enchanteur qui avait déjà été en enfer
Où Jupiter l’avait conduit par maléfice.