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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/66

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Turpin dit : « Voilà un grand félon ! »
Roland répond : « Le misérable est vaincu ;
Frère Olivier, de tels coups me semblent beaux ! »


CXI

Cependant, la bataille est devenue très dure,
Français et païens y échangent de beaux coups.
Les uns attaquent, les autres se défendent.
Que de lances rompues et teintes de sang !
Que de gonfanons et d’enseignes en lambeaux !
Que de bons Français y perdent leur jeunesse !
Ils ne reverront plus leurs mères, ni leurs femmes,
Ni ceux de France qui les attendent aux défilés.
Charles le Grand en pleure et se lamente.
Hélas ! qu’importe ! Ils n’auront pas de secours.
Ganelon leur rendit un mauvais service
Quand il alla vendre sa propre lignée à Saragosse.
Depuis lors, il en perdit la vie et les membres
Et, au plaid d’Aix, il fut condamné à être pendu
Et avec lui trente de ses compagnons,
Auxquels on ne fit pas grâce de la mort.


CXII

La bataille est merveilleuse et pesante,
Olivier et Roland s’y comportent très bien.
L’archevêque y rend plus de mille coups,
Les douze Pairs ne sont point en retard.
Les païens meurent par cents et par mille.
Qui ne s’enfuit ne peut échapper à la mort ;
Qu’il le veuille ou non, il y termine sa vie.
Les Français y perdent leurs meilleurs champions,
Ils ne reverront plus leurs frères, ni leurs parents,
Ni Charlemagne qui les attend aux défilés.
En France, il y a une tempête extraordinaire
Un orage de tonnerre et de vent,
De la pluie et du grésil démesurément.