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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/67

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La foudre tombe dru et souvent,
Et même il se produit un réel tremblement de terre
De Saint-Michel du Péril jusqu’à Reims.
De Besançon jusqu’aux ports de Wissant
Il n’y a pas de cité dont les murs ne crèvent ;
En plein midi règnent des ténèbres profondes,
Il n’y a de clarté que si le ciel se fend ;
Personne ne voit ce spectacle sans épouvante.
Plusieurs disent : « C’est la fin du monde,
C’est la fin du siècle qui nous vient à présent. »
Ils ne savent pas ; il n’y a là rien de vrai,
C’est le grand deuil pour la mort de Roland.


CXIII

Les Français frappent avec cœur et vigueur,
Les païens meurent par milliers et par foules,
De cent mille, il n’y en a pas deux qui survivent.
L’archevêque dit : « Nos hommes sont très braves,
Il n’est roi sous le ciel qui en ait de meilleurs ;
Il est écrit dans la geste de France
Que nos empereurs ont de bons vassaux. »
Ils vont par la plaine, et recherchent les leurs.
Ils pleurent de douleur et de tendresse
À cause du grand amour qu’ils ont pour leurs parents.
Marsile surgit avec sa grande armée.


CXIV

Marsile vient le long d’une vallée.
Avec la grande armée qu’il a réunie.
Il l’a répartie en vingt colonnes.
On voit luire l’or et les pierreries des heaumes,
Et les écus et les hauberts brodés.
Sept mille clairons sonnent la charge.
Le bruit est grand par toute la contrée.
Roland dit : « Olivier, mon compagnon, mon frère,
Le traître Ganelon a juré notre mort :