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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/69

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Et enlever sa couronne à l’Empereur. »
Assis sur son cheval qu’il nomme Barbamouche,
Il est plus vif qu’épervier ou qu’hirondelle.
Il donne rudement de l’éperon ; il rend les rênes,
Et va frapper Engelier de Gascogne.
Son écu ni sa brogne ne le peuvent garantir,
Il lui plonge dans le corps le fer de son épieu.
Et le frappe si fort que la pointe traverse.
À pleine lance il le fait choir mort à terre.
Ensuite, il s’écrie : « Ces gens sont bons à vaincre ;
Frappez, païens, pour briser leurs rangs ! »
Les Français disent : « Dieu ! quel vaillant homme est mort ! »


CXVII

Le comte Roland interpelle Olivier :
« Sire compagnon, voici Engelier mort.
Nous n’avions pas plus vaillant chevalier. »
Le comte répond : « Que Dieu m’accorde de le venger ! »
Il pique son cheval de ses éperons d’or pur,
Tient Hauteclaire, dont l’acier est sanglant.
Et de toute sa force, va frapper le païen.
Il brandit son coup, et le Sarrasin tombe :
Les démons emportent son âme.
Puis, il a tué le duc Alphaïen,
Tranché la tête à Escababi,
Désarçonné sept Arabes
Qui ne seront plus jamais bons pour combattre.
Roland dit : « Mon camarade est en colère,
Il se fait estimer autant que moi.
C’est pour de tels coups que Charles nous aime plus encore ! »
Puis il crie à haute voix : « Frappez, chevaliers ! »


CXVIII

D’autre part est un païen : Valdabrun,
Qui, pour la chevalerie, fut parrain du roi Marsile.
Il est maitre, sur mer, de quatre cents dromons.