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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/70

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Pas un marin qui ne se recommande de lui.
Il prit Jérusalem par trahison,
Viola le temple de Salomon,
Et tua le Patriarche devant les fonts.
C’est lui qui reçut le serment du comte Ganelon :
Il lui donna son épée et mille mangons.
Assis sur un cheval qu’il nomme Gramimond,
Il est plus vif que ne l’est un faucon.
Il le pique rudement de ses éperons aigus
Et va frapper le riche duc Samson ;
Il lui brise son écu et lui rompt son haubert,
Lui plonge au corps les pans du gonfanon,
À pleine lance l’abat mort des arçons.
« Frappez, païens, nous les vaincrons aisément ! »
Les Français disent : « Quel deuil ! un tel baron ! »


CXIX

Quand le comte Roland vit Samson mort,
Vous pouvez penser qu’il en eut grande douleur.
Il pique son cheval, se lance de toute sa force,
En tenant Durandal qui vaut plus qu’or fin.
Il va frapper le païen, tant qu’il peut,
Sur son heaume couvert de gemmes et d’or.
Il lui tranche la tête, le haubert et le corps,
La bonne selle, couverte de gemmes et d’or.
Et, profondément, le dos du cheval.
Tous deux, il les tua, qu’on le blâme ou qu’on le loue.
Les païens disent : « Ce coup nous atteint cruellement. »
Roland répond : « Je ne puis aimer les vôtres.
De votre côté est le tort et l’orgueil. »


CXX

Il y a là un Africain venu d’Afrique :
C’est Malquidant, le fils du roi Malcud.
Son armement est tout en or battu
Et sous le ciel luit plus que tous les autres.