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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/80

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CXL

La nuit blanchit et le jour brille,
Au soleil les armes reluisent,
Hauberts et heaumes jettent de grandes lueurs,
Et avec eux les écus peints à fleurs.
Les lances, les gonfanons dorés.
L’Empereur chevauche avec colère,
Les Français sont tristes et courroucés.
Pas un qui ne pleure amèrement,
Et tous éprouvent pour Roland une grande frayeur.
Le Roi fait arrêter le comte Ganelon,
Et le confie aux cuisiniers de sa maison.
Il appelle le maitre-queux Bégon :
« Garde-moi bien cet homme, comme un traitre
Qui a vendu toute ma maison. »
Bégon s’en saisit, et met après lui cent compagnons
De la cuisine, des meilleurs et des pires
Qui lui arrachent barbe et moustache.
Chacun lui donne quatre coups de poing ;
Ils le frappent de verges et de bâtons ;
Ils lui passent au cou une chaîne
Et l’enchaînent comme un ours ;
Ils le jettent ignominieusement sur un cheval de charge,
Et le gardent jusqu’au moment de le rendre à Charles.


CXLI

Les monts sont hauts, ténébreux, et immenses,
Les vallées profondes, les torrents rapides !
Devant et derrière l’armée, les trompettes sonnent.
Et toutes semblent répondre à l’olifant.
L’Empereur chevauche avec colère,
Et les Français courroucés et tristes avec lui.
Pas un qui ne pleure et ne se lamente,
Pas un qui ne prie Dieu de protéger Roland,
Jusqu’à ce qu’ils arrivent ensemble sur le champ de bataille,