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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/82

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L’ÉCRASEMENT

CXLIII

Roland regarde et les monts et les landes,
Il les voit couverts de cadavres français ;
En noble chevalier, il les pleure :
« Seigneurs barons, Dieu Vous ait en pitié !
Qu’il donne le Paradis à vos âmes,
Et les fasse reposer parmi les saintes fleurs.
Je ne vis jamais meilleurs vassaux que vous :
Vous m’avez tous si longtemps servi !
Vous avez conquis pour Charles de si vastes terres !
C’est pour cette dure fin que vous a conservés l’Empereur
Terre de France, vous êtes un bien doux pays,
Mais ce désastre vous rend déserte.
Barons français, c’est à cause de moi que je vous vois mourir ;
Je ne puis ni vous sauver, ni vous défendre.
Que Dieu vous aide, Dieu qui ne trompa jamais !
Olivier, mon frère, je ne vous ferai point défaut,
Et si un autre ne me tue, je mourrai de douleur.
Sire compagnon, allons frapper encore. »


CXLIV

Le comte Roland revient sur le champ de bataille.
Durandal au poing, il frappe en homme de cœur,
Tranche par le milieu Faudron du Puy,
Et vingt-quatre païens des plus estimés.
On ne verra jamais homme plus ardent à la vengeance.
Comme le cerf s’enfuit devant les chiens,