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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/93

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LA BÉNÉDICTION DE ARCHEVÊQUE

CLXIV

Les païens fuient, pleins de courroux et de colère,
Ils dirigent leur course du côté de l’Espagne.
Le comte Roland ne les a point pourchassés,
Car il a perdu son cheval, Veillantif.
Bon gré, mal gré, il est resté à pied.
Il va porter secours à l’archevêque Turpin ;
Il lui a délacé de la tête son heaume d’or,
Lui a ôté son haubert blanc et léger,
Et lui a coupé son bliaud
Dont il a appliqué les lambeaux sur ses plaies.
Puis il l’étreint contre sa poitrine,
Le couche doucement sur l’herbe verte.
Puis, tendrement, lui fait cette prière :
« Ah ! gentilhomme, donnez-m’en la permission.
Nos compagnons, que nous aimâmes tant.
Sont morts à cette heure ; nous ne devons pas les abandonner.
Je vais les rechercher et les reconnaître,
Puis je les disposerai en rang devant vous. »
L’archevêque dit : « Allez et revenez !
Grâce à Dieu, le champ nous reste à vous et à moi. »


CLXV

Roland s’en va. Seul, il parcourt le champ de bataille,
Bat la vallée et bat les monts ;
Il trouve Gérin, et son compagnon Gérier,
Il y trouve Bérenger et Othon,