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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/94

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Il y trouve Anséis et Samson,
Il y trouve Gérard, le vieux de Roussillon ;
Il emporte les barons un à un,
Revient avec eux vers l’archevêque,
Et les dépose en rang à ses genoux.
L’archevêque ne peut se défendre de pleurer ;
Il lève la main, leur donne sa bénédiction ;
Puis il dit : « Vous avez eu du malheur, seigneurs !
Que Dieu le glorieux ait toutes vos âmes.
Qu’il les mette en saintes fleurs, dans son Paradis.
Ma propre mort m’accable d’angoisses,
Je ne verrai plus le puissant Empereur. »


CLXVI

Roland retourne et va battre la plaine ;
Il a trouvé son ami Olivier,
Il l’a serré étroitement sur son cœur,
Et, comme il peut, revient vers l’archevêque.
Il couche son ami auprès des autres, sur un écu,
Et l’archevêque l’a absous et signé.
Leur douleur et leur pitié redoublent.
Roland dit : « Beau compagnon Olivier,
Vous fûtes fils du bon comte Renier,
Qui tenait la marche jusqu’au val de Runier.
Pour briser une lance et pour mettre en pièces un écu,
Pour diriger et conseiller les gens de cour.
Pour vaincre et effrayer les insolents.
Il n’y eut, en aucun pays, meilleur chevalier. »


CLXVII

Le comte Roland, lorsqu’il voit morts ses pairs.
Et Olivier, qu’il aimait si fort,
A de la pitié dans le cœur et se met à pleurer.
Son visage perd toute sa couleur ;
Sa douleur est telle qu’il ne peut rester debout ;
Bon gré, mal gré, il tombe à terre, évanoui.
L’archevêque dit : « Quel malheur pour vous, baron ! »