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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/95

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CLXVIII

Lorsque l’archevêque vit Roland s’évanouir,
Il ressentit une telle douleur qu’il n’en éprouva jamais de si grande.
Il étendit la main, et saisit l’olifant.
À Roncevaux, il y a une eau courante ;
Il veut y aller pour en donner à Roland ;
Il y va, chancelant, à tout petits pas,
Si faible qu’il ne saurait avancer ;
Il n’en a pas la force, car il a perdu trop de sang.
Avant d’avoir franchi la longueur d’un arpent,
Le cœur lui manque, il tombe en avant,
En proie aux angoisses de la mort.


CLXIX

Le comte Roland revient de pâmoison.
Il se dresse sur ses pieds, mais ressent une grande douleur.
Il regarde au-dessus et au-dessous de lui ;
Sur l’herbe verte, au delà de ses compagnons,
Il voit gisant le noble baron :
L’archevêque, le mandataire de Dieu.
Celui-ci accuse ses péchés, lève les yeux,
Tend ses mains jointes vers le ciel.
Et prie Dieu de lui accorder le Paradis.
Turpin, le serviteur de Charles, est mort.
Par ses exploits et par ses beaux sermons
Il se montra toujours un champion contre les païens.
Que Dieu lui donne sa sainte bénédiction !


CLXX

Le comte Roland voit l’archevêque à terre :
Les entrailles lui sortent du corps,
Sa cervelle bouillonne sur son front.
Sur sa poitrine, entre les deux épaules,
Roland croisa ses mains blanches et belles,