Page:La coutume d'Andorre.djvu/208

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les mains[1] et qui est non pas une imitation, mais une caricature de diplôme. Elle ne mérite pas qu’on s’y arrête[2].

On a prétendu que les Carolingiens auraient, au ixe siècle, cédé l’Andorre, soit aux évêques d’Urgel, soit aux comtes d’Urgel, qui s’en seraient dessaisis au profit des Évêques. La première de ces deux opinions est fondée sur l’interprétation inexacte d’une charte de délimitation du diocèse, laquelle nous apprend seulement que l’Andorre était comprise dans ce diocèse. La seconde opinion est inadmissible pour plusieurs motifs : ni la donation consentie par les Carolingiens, ni la rétrocession faite aux Évêques n’a pour objet l’ensemble de l’Andorre.

Cette observation s’étend également aux pièces desquelles on a péniblement tiré pendant ces dernières années une théorie favorable à la suprématie des prélats. Toute cette théorie tombe devant la double constatation que voici : d’abord, rien dans la teneur des pièces en question n’autorise à dire qu’elles se réfèrent à la totalité de la seigneurie de l’Andorre ; ensuite, d’autres titres nous apprennent que divers seigneurs ont depuis exercé des pouvoirs politiques sur les Vallées.

Les origines historiques. — La vérité est que nous savons très peu de chose sur le sort de l’Andorre pendant cette période reculée : à l’origine, les Carolingiens y firent acte de souveraineté ; puis, quand la féodalité s’organisa, les voisins, puissants barons ou hobereaux faméliques, s’y taillèrent des fiefs : comte d’Urgel et peut-être comte de Foix, seigneurs de Caboet et de Castelbon, dont les pouvoirs passèrent, par un mariage conclu au commencement du xiiie siècle, à la maison de Foix. Les évêques d’Urgel, de leur côté, acquirent en Andorre des biens fonds, par

  1. Cet étrange document a été publié en fac-similé par M. Sanpere y Miquel dans la Vanguardia de Barcelone (n° du 13 août 1896), puis, peu après, par M. Pasquier, dans le Bulletin historique et philologique de 1896.
  2. Cette discussion historique est un résumé de divers articles que j’ai publiés dans la Revue des Pyrénées de 1891, pp. 960 et suiv., et de 1892, pp. 571 et suiv., dans la Revue des Universités du Midi de 1897, pp. 88 et suiv., et de 1898, pp. 343-344, etc. On trouvera dans ces articles un exposé plus complet et documenté de théories que je me borne à esquisser dans le présent travail.