Aller au contenu

Page:La coutume d'Andorre.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traits qui trompent sur la véritable condition de ce pays : les dispositions relatives aux droits de transit et le groupement de plusieurs paroisses en une communauté générale. Le droit public actuel nous porte à donner de ces faits une interprétation qui cesse d’être exacte quand il s’agit du moyen âge : autrefois, les droits de transit pouvaient être levés à l’intérieur et ils ne marquent pas forcément une frontière politique ni la limite de deux États[1]. De même, rien n’était jadis plus fréquent dans la région pyrénéenne que les syndicats de plusieurs paroisses : les paroisses d’une même vallée, réunies par des intérêts communs de pacage et isolées du reste du monde par la difficulté des transports, s’associaient ainsi. Le Donezan constituait une de ces communautés générales[2] ; au xviie siècle, les vallées d’Aspe, d’Ossau et de Baretous « prétendaient avoir été autrefois des républiques[3] », c’est-à-dire des syndicats de villages[4]. Dans la Catalogne, la vallée de Ribes fournit un exemple de ces agrégats de paroisses, et Alart l’a justement comparée à la vallée d’Andorre[5]. Dans le voisinage de l’Andorre, la vallée de Carol[6], la vallée d’Osséja[7] présentaient une organisation analogue. Alart, que l’on ne saurait trop citer quand il s’agit de la géographie historique du pays, a écrit : « Nous ne trouvons pas dans l’ancien Conflent d’autres divisions géographiques que celle des vallées[8]. »

Organisation administrative. — L’Andorre comprend six paroisses, parroquiescomuns[9], qui sont, dans l’ordre

  1. Ce serait un sujet d’étude d’un rare intérêt que de chercher comment les Andorrans ont obtenu les dispenses des droits de transit et quel parti ils ont ensuite tiré de ces dispenses, tant du côté de la France que du côté de l’Espagne.
  2. Bladé, note de l’Histoire de Languedoc, nouvelle édition, t. VIT, p. 279.
  3. Cadier, Les États de Béarn, p. 65.
  4. Bascle de Lagrèze, Histoire du droit dans les Pyrénées, p. 76.
  5. Privilèges et titres de Roussillon et de Cerdagne, p. 322 et préface, p. 9.
  6. Id., op. cit., p. 8.
  7. Id., op. cit., p. 44, note 2.
  8. Bulletin de la Société agricole des Pyrénées-Orientales, t. X, p. 69. — Cf. mon Étude sur la condition des populations rurales du Roussillon, pp. 263-264.
  9. Comú, au pluriel comuns, désigne soit la paroisse, soit plutôt le conseil de paroisse.