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À peine l’Association avait-elle arboré sa bannière qu’elle souhaita de faire un pas de plus. Le 24 mars 1884, le général Sanford, l’un de ses soutiens les plus zélés, écrivait[1] : « La seule difficulté qui entrave les merveilleux progrès de l’œuvre naît de ce fait, que le drapeau de l’Association n’est pas officiellement reconnu, qu’il risque d’être mal jugé ou violé, c’est-à-dire que les gens qu’il protège sont exposés à rencontrer, dans leur œuvre philanthropique, des obstacles suscités par des individus adonnés à la traite des esclaves ou mus par d’autres mobiles étroits. » La thèse qu’un étendard national était utile, nécessaire même, du moment qu’on abandonnait le terrain purement philanthropique et scientifique pour exploiter commercialement le territoire et se l’approprier, fut soutenue d’autre part avec talent par un jurisconsulte français[2]. De là des négociations, qui aboutirent à la reconnaissance désirée. Au moment où l’Association adhéra à l’Acte général de Berlin, elle avait déjà obtenu cette faveur de treize puissances.

Dans les documents qui s’y rapportent, il est question tantôt d’un drapeau, tantôt d’un pavillon, et quelquefois de l’un et de l’autre, mais on peut admettre que tous les contractants ont eu la même pensée, qui était d’assurer le respect des couleurs congolaises sur terre et sur eau.

L’État indépendant du Congo se sert, à son tour, du même drapeau que l’Association internationale, et on le retrouve dans son sceau, où il se combine avec l’image du grand fleuve de l’Afrique équatoriale et avec les armes du souverain[3].

  1. Lettre au sénateur Morgan. (Voy. Stanley, p. 595).
  2. Deloume, p. 62 et suiv.
  3. Les armoiries de l’État portent, en effet :

    D’azur à la fasce ondée d’argent, accompagnée en chef, à dextre, d’une étoile à cinq rais d’or ; en cœur, un écu de sable au lion d’or, armé et lampassé de gueules, qui est de Belgique ; en cœur, un écu burelé d’or