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pratiqué tous métiers auxquels tu viens de rêvasser. Et de par le sacré froc monacal, la trousse d’Esculape, la férule de Chiron et le masque de Thalia ! le meilleur de tous ne vaut pas pipette. Crois-en ma très vieille, très sage et très docte expérience. Le passe-temps le plus honnête et le plus idoine à rendre l’homme heureux est rire, boire d’autant et se gausser des sots. Rime, chante, cymballe, ébaudis-toi, et nargue à l’univers !

Depuis oncques n’ai revu le grand Rabelais, mais si profondément ai enfoui ses paroles en la gibecière de ma mémoire, qu’en lieu d’évangéliser les idolâtres, empoisonner les vivants, enseigner les escholiers et interpréter les farces, sotties et moralités de messire Victorien Sardou, j’aligne des rimes et je cisèle des rythmes.

FABRE DES ESSARTS.

QUATRE DIZAINS

I

Vraiment, je lui trouvais l’air honnête et gentil,
À ce petit corset, simple et svelte, en coutil ;
Mais, hier, je ne l’ai plus revu dans la boutique.
Une enfant du faubourg, jolie et chlorotique,
L’a sans doute lacé sur ses mignons appas.
Et c’est attendrissant de penser, n’est-ce pas ?
Qu’il enferme à présent le sein pur d’une vierge,
Ouvrière en journée ou fille de concierge,
Et que, songeant tout bas : « L’amour ?… Qu’est-ce que c’est ? »
Un cœur battra bientôt sous le petit corset.

II

Auprès de Saint-Sulpice, un spectacle odieux,
C’est l’exhibition des marchands de bons dieux.
Je suis chrétien, d’accord, mais non pas idolâtre,
Et j’ai pris en horreur ces bonshommes de plâtre,