(rue Saint-Honoré)
En entrant à l’exposition de la rue Saint-Honoré on se prend à plaindre les vieillards cacochymes qui ont fait trembloter leurs doigts sur les deux cents toiles de cette exposition, — car, tout d’abord, il ne vient pas à l’idée que des jeunes gens puissent être les auteurs de ces œuvres séniles.
Société des Jeunes Artistes : ce titre absout d’avance toutes les inexpériences, toutes les maladresses ; mais il condamne les exposants à faire preuve d’un peu de fougue, d’originalité, d’outrance même, — condamnation à laquelle ces messieurs se sont absolument dérobés.
Quelques bonnes choses, cependant : d’abord, — exécuté avec une superbe cruauté de brosse, — le Buveur d’absinthe de Daniel Ihly, brûle-gueule aux dents, la joue plaquée d’une ecchymose, et dont l’œil s’endort dans l’abrutissement d’un rêve d’alcool.
Les scènes des bords de la mer, de M. G. Larrue, enfermées dans des cadres de bois blanc, sont bien composées et d’une bonne observation ; il est fâcheux que ce peintre ait une palette si anémique.
L’impressionniste Charles Angrand expose la Ménagère, À l’ombre, En Normandie, Laveuse de terrine, Un gardeur de dindons. Nous avons surtout remarqué son Moissonneur, qui ne ferait pas mauvaise figure à côté d’un Claude Monet.
M. Conin a pétri en bonne pâte deux natures mortes, dans une ombre où, par places, s’allume l’éclat des cuivres.
Citons encore MM. Gaston Latouche, Em. et Alph. Bogino, Seltz…
(École des Beaux-Arts)
Sellier, né à Nancy en 1830, est mort à Nancy, le 24 novembre 1882. Son nom n’est pas devenu populaire ; et, pour bien des gens, l’exposition de ses œuvres, organisée par MM. Roger Marx, Jules Claretie, Falguière, Henner, Victor Massé, etc., a été une révélation, — révélation d’un peintre de grand talent, qui cherche toujours, car il est consciencieux, mais qui cherche mal, parce qu’il est timide.
La meilleure partie de son exposition est constituée par des Por-
