Page:La libre revue littéraire et artistique, 1883.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui est naturellement timide, peut avoir de terribles moments de fureur, mais ses accès doivent être subits, de courte durée, ce qui n’exclut pas une rancune durable. Il me semble que l’expression de la colère contenue viendrait heureusement en opposition avec les moments où cette colère éclate forcément.

Avec Nana-Sahib, M. Richepin est en train de prendre dignement sa revanche de la Glu, qui n’avait eu qu’un demi-succès. Il est vrai que, cette fois-ci, il a dans son jeu un fameux atout : Sarah Bernhardt.

Toujours est-il que son beau drame attirera à la Porte-Saint-Martin et le public lettré, avide d’entendre de beaux vers dits par de grands artistes, et le gros public, amateur des Peau-d’Âne et autres Michel Strogoff. Car cet épisode vrai, et merveilleusement adapté à la scène, se déroule au milieu de décors splendides et avec un luxe tout à fait inusité pour les pièces qui ne sont pas de grandes machines à tiroirs.

Voilà donc enfin une féerie et un drame à grand spectacle, comme je les comprends, et qui sont enfin autre chose que des prétextes à changements à vue et à travestissements. L’art véritable est resté, dans cette affaire, le seul objectif ; et les décors ont bien été faits réellement pour Nana-Sahib. C’est une audace que n’aurait certainement eue aucun directeur et dont il faut remercier Sarah Bernhardt. Je crois inutile de faire une fois de plus son éloge comme principale interprète du drame ; disons seulement que Marais lui a, comme d’habitude, vaillamment donné la réplique, et que les créations de Djamma, et de Nana-Sahib sont de celles dont on peut s’enorgueillir à juste titre. Laray a joué le rôle du Yogui de façon à faire oublier la retraite de Taillade. Les autres rôles sont parfaitement tenus.

En voilà pour quelques mois !

Oscar MÉTÉNIER.

REVUE FINANCIÈRE

Rarement les cours ont présenté des différences aussi accentuées que celles qui se sont produites depuis quinze jours. Un instant le marché, frappé de panique, semblait, sur le point de s’effondrer ; on voyait les rentes françaises perdre dans une seule journée 80 et 85 centimes.

Lorsque arrive la nouvelle de la prise de Sontay par l’amiral Courbet, aussitôt un brusque revirement se produit et les cours regagnent promptement l’avance perdue pendant les séances précédentes. Aujourd’hui le calme est rétabli et la fin de l’année sera moins laborieuse qu’on n’aurait pu le craindre un moment.

Les marchés étrangers ont conservé un grand calme et une grande fermeté.

Les valeurs internationales ont en partie échappé aux vicissitudes qui