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LES MARIONNETTES

Je ne connais guère de plus curieux spectacle que celui de la parade dans une baraque de foire. Ce qui m’intéresse particulièrement n’est pas la verve endiablée et parfois spirituelle du queue-rouge, mais l’attitude, je pourrais dire la béatitude de ceux qui l’écoutent. Dans cette foule se retrouvent les types les plus divers. À côté du financier, homme riche et dédaigneux, riant bêtement des plaisanteries qu’il n’entend pas, se place le soldat en permission de dix heures qui s’amuse franchement aux scènes militaires et s’attendrit sur les infortunes du conscrit et de sa payse.

Plus loin, immobile et méditatif, se tient un homme âgé, vêtu de noir, cravaté de blanc, rasé avec soin et portant des besicles d’or. C’est le savant, le membre de la Société des antiques qui étudie in anima vili les secrets d’un art illustré par Scarron.

Enfin, dans l’endroit le plus obscur, un éphèbe de ruisseau, à figure naïve et criminelle à la fois, observe attentivement les tours de passe-passe du physicien et cherche à les mettre en pratique sur les bijoux