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Numa d’une part, Alice Lavigne et Mathilde de l’autre. Heureux théâtre ! Heureux auteurs !

X

Le 14 octobre, a eu lieu, au théâtre de Belleville, la première représentation de la Nuit de Noël, drame en cinq actes, que M. Ed. Doyen a écrit en collaboration avec notre sympathique confrère Victor Bours. J’ai le regret de ne pouvoir en parler aujourd’hui, mais vous n’y perdrez rien, mon cher ami !

À quinzaine !

Oscar MÉTÉNIER.

REVUE MUSICALE

On a fait dans la presse parisienne, ces derniers temps, à propos d’une pièce jouée à la Renaissance et signée Hervé, beaucoup plus de bruit qu’il ne convenait. Elle ne mérite ni cet excès d’honneur, ni des critiques malveillantes. Le Vertigo, puisqu’il faut l’appeler par son nom, considéré en tant que livret, est une succession de choses hétéroclites, assemblées sans aucune prétention littéraire, cela va de soi, et même, la plupart du temps, sans aucune intention scénique. L’auteur, Offenbach et deux ou trois autres, nous en ont donné quantité du même goût depuis une vingtaine d’années. Le principe dirigeant et le signe distinctif de ces sortes de productions, c’est le délire combiné froidement et poussé autant qu’on le peut au paroxysme. Je cite au hasard la Belle Hélène, Orphée aux enfers, le Canard aux trois becs, Barbe-Bleue. Ceux qui, vers la fin du dernier empire, ont assisté à certaines soirées des Variétés, par exemple, n’oublieront jamais l’aspect de la salle mise à l’unisson de la pièce représentée et en proie à la démence communicative d’une musique de danse héroïquement folle, aux rythmes violents et bacchanalesques.

Si on l’écoutait, les yeux fermés, on rêvait des peuples ivres se ruant à des chœurs forcenés, se livrant, cohue gigantesque, à de monstrueux déhanchements, tandis que des êtres inconnus auraient frappé sans trêve sur les tambourins des corybantes démesurément grandis, et suivi l’orgie hurlante aux rires, aux cris excessifs. L’évohé antique était ressuscité ; on y percevait seulement la note gouailleuse du Gaulois qui n’agit jamais sans se railler lui-même et qui mime sa propre folie.