Page:La libre revue littéraire et artistique, 1883.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

musique un peu ambitieuse. Il en surnage quelques appels de cor assez nouveaux au début de l’ouverture et un chœur de vignerons d’assez belle allure et bien traité, quoique trop sérieux pour l’ouvrage. Il est impossible de juger un compositeur dramatique sur un semblable échantillon.

Adrien REMACLE.

LES LIVRES

Le mois de septembre marque le point culminant du chômage littéraire. Plus qu’à aucune autre époque, l’auteur et l’éditeur craignent alors de se démener dans le vide. Et ce n’est pas sans raison. Paris, dépeuplé par les villégiatures, n’a encore réintégré ni le lecteur assidu, ni le critique influent, ni le conférencier à la mode. Quant à la province, à qui les cancans de petite ville tiennent lieu de lecture, elle est toute à la chasse ou aux excursions, et moins que jamais se soucie de livres.

Seuls les très forts ou les très présomptueux osent lancer l’œuvre nouvelle durant cette période universellement jugée inopportune.

Or cette catégorie d’auteurs est plus considérable qu’on ne croit. Nous venons d’en juger par le nombreux contingent de brochures que septembre a apporté à la Libre Revue.

En tête de cette troupe d’élite marche notre maître et collaborateur J. Barbey d’Aurevilly. Le volume qu’il réédite chez Rouveyre et Blond, sous le titre de Memoranda, est un curieux recueil de souvenirs de jeunesse où reviennent fréquemment les noms aimés d’Hippolyte de la Morvonnais, d’Eugène et de Maurice de Guérin. Tiré naguère à cent exemplaires seulement, ce livre rarissime faisait le désespoir des bibliophiles qui se le disputaient à prix d’or dans les ventes publiques. Plus complète que l’ancienne, grâce à l’intéressante Préface de Paul Bourget, la nouvelle édition des Memoranda est désormais un document indispensable à tous ceux qui, comme Charles Buet, instruisent en ce moment le procès du très excentrique écrivain.

Autre réédition. Charpentier nous envoie, dans le format de sa petite collection de luxe, la charmante idylle forestière d’André Theuriet, — intitulée : Raymonde. Ce roman nous a conquis, dès le début, par le récit d’une chasse inconnue aux Parisiens, mais bien familière à notre enfance, la chasse aux champignons. « Par une belle fin d’été, quand