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Page:La revue philosophique et religieuse, tome 6, 1856.djvu/12

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REVUE PHILOSOPHIQUE ET RELIGIEUSE.

tie de la cité. La femme n’est pas, comme on le dit vulgairement, la moitié ni l’égale de l’homme, mais le complément vivant et sympathique qui achève de faire de lui une personne. »

Dans les Contradictions économiques, édition de 1846, page 254, on lit :

« Pour moi, plus j’y pense et moins je puis me rendre compte, hors de la famille et du ménage, de la destinée de la femme : courtisane ou ménagère (ménagère, dis-je, et non pas servante), je n’y vois pas de milieu. »

J’avais toujours ri de ces paradoxes ; ils n’avaient à mes yeux pas plus de valeur doctrinale que les mille autres boutades si familières au célèbre critique. Il y a quelques semaines, un petit journal prétendit que M. Proudhon avait, dans des entretiens particuliers, formulé tout un système basé sur l’omnipotence masculine, et il publiait ce système dans ses colonnes. De deux choses l’une, me dis-je : ou le journaliste ment, ou bien il dit vrai ; s’il ment, son but évident est de ruiner M. Proudhon dans l’esprit des progressistes et de lui faire perdre sa légitime part d’influence, il faut qu’il en soit averti ; s’il dit vrai pour le passé, il faut encore que M. Proudhon soit averti du fait, parce qu’il est impossible, étant père de plusieurs filles, que le sentiment paternel ne l’ait pas mis dans le chemin de la raison. Il faut que je le sache ; et j’écrivis à M. Proudhon, qui, dès le lendemain, me fit la réponse que je vais transcrire textuellement :

« Madame,

» Je ne connais pas l’article publié par M. Charles Robin dans le Télégraphe d’hier, 7. Afin de m’édifier sur cette paraphrase, comme vous qualifiez l’article de M. Robin, j’ai cherché dans mon premier mémoire sur la propriété, page 265, édition Garnier frères (je n’en ai pas d’autres), et je n’y ai pas trouvé de note. J’ai cherché dans mes autres brochures à la page 265, et n’ai vu de note nulle part. Il m’est donc impossible de répondre à votre première question.

» je ne sais trop ce que vous appelez mes opinions sur la femme, le mariage et la famille ; car sur ce chapitre, pas plus que sur celui de la propriété, je ne crois avoir donné le droit à personne de parler de mes opinions.