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Page:La revue philosophique et religieuse, tome 6, 1856.djvu/18

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REVUE PHILOSOPHIQUE ET RELIGIEUSE.

que le travail qui fait les hommes égaux et libres, n’a pas la vertu de faire les femmes égales et libres. Si vous nous prouvez cela, nous aurons à enregistrer une contradiction de plus.

Vous n’admettez pas que la femme ait le droit de réclamer pour elle une justice spéciale, comme si l’homme était son premier ennemi et tyran.

C’est vous, Monsieur, qui faites une justice spéciale pour la femme ; elle ne voit, elle, que le droit commun.

Oui, Monsieur, jusqu’ici l’homme en subalternisant la femme, a été son tyran, son ennemi. Je suis de votre avis lorsqu’à la page 57 de votre premier mémoire sur la propriété, vous dites que tant que le fort et le faible me sont pas égaux, ils sont étrangers, ils ne forment point une alliance, ils sont ennemis. Oui, trois fois oui, Monsieur, tant que l’homme et la femme ne seront pas égaux, la femme est en droit de considérer l’homme comme son tyran et son ennemi.

« La justice la plus rigoureuse ne peut faire de la femme l’égale de l’homme ! » Et c’est à une femme que vous placez dans votre opinion au-dessus d’une foule d’hommes, que vous affirmez une pareille chose ! Quelle contradiction !

« C’est un affolement, que les femmes réclamant leur droit ! » Affolement semblable à celui des esclaves se prétendant créés pour la liberté ; à celui des bourgeois de 89 prouvant que les hommes sont égaux devant la loi. Savez-vous qui était, qui est affolé ? Ce sont les maîtres, les nobles, les blancs, les hommes qui ont nié, nient et nieront que les esclaves, les bourgeois, les noirs, les femmes sont nés pour la liberté et l’égalité.

« Le sexe auquel j’appartiens est incapable de se connaître et de se régir, » dites vous !

Prouvez qu’il est dénué d’intelligence ;

Prouvez que les grandes impératrices et les grandes reines n’ont pas gouverné aussi bien que les grands empereurs et les grands rois ;

Prouvez contre tous les faits patents que les femmes ne sont pas en général bonnes observatrices et bonnes administratrices ;

Puis prouvez encore que tous les hommes se connaissent parfaitement, se régissent admirablement, que le progrès marche comme sur des roulettes.

« La femme n’est ni la moitié, ni l’égale de l’homme, elle est