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Page:La revue philosophique et religieuse, tome 6, 1856.djvu/19

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M. PROUDHON ET LA QUESTION DES FEMMES.

son complément, elle achève de faire de lui une personne ; les deux sexes forment l’androgyne humain ! » Voyons, sérieusement, Monsieur, qu’est-ce que signifie ce cliquetis de mots vides ? Ce sont des métaphores indignes de figurer dans le langage scientifique, quand il s’agit de notre espèce et des autres espèces zoologiques supérieures. La lionne, la louve, la tigresse ne sont pas plus des moitiés ni des compléments de leurs mâles que la femme ne l’est de l’homme. Où la nature a mis deux extériorités, deux volontés, elle dit deux unités, deux entiers, non pas un, ni deux demies ; l’arithmétique de la nature ne peut être détruite par les fantaisies de l’imagination.

Est-ce sur les qualités individuelles que se fonde l’égalité devant la loi ? Monsieur Proudhon nous répond dans la Création de l’ordre dans l’humanité, page 209 et 210 :

« Ni la naissance, ni la figure, ni les facultés, ni la fortune, ni le rang, ni la profession, ni le talent, ni rien de ce qui distingue les individus n’établit entre eux une différence d’espèce : étant tous hommes, et la loi ne réglant que des rapports humains, elle est la même pour tous ; en sorte que pour établir des exceptions, il faudrait prouver que les individus exceptés sont au-dessus ou au-dessous de l’espèce humaine. »

Prouvez-nous, Monsieur, que les femmes sont au-dessus ou au-dessous de l’espèce humaine, qu’elle n’en font pas partie, ou bien, sous peine de contradiction, subissez les conséquences de votre doctrine.

Vous dites dans la Révolution sociale, page 57 :

« Ni la conscience, ni la raison, ni la liberté, ni le travail, forces pures, facultés premières et créatrices, ne peuvent sans périr être mécanisées… C’est en elle-même qu’est leur raison d’être ; c’est dans leurs œuvres qu’elles doivent trouver leur raison d’agir. En cela consiste la personne humaine, personne sacrée, etc. »

Prouvez, Monsieur, que les femmes n’ont ni conscience, ni raison, ni liberté morale, qu’elles ne travaillent pas. S’il est démontré qu’elles ont les facultés premières et créatrices, respectez leur personne humaine, car elle est sacrée.

Dans la Création de l’ordre dans l’humanité, page 412, Vous dites :

« Par la spécification, le travail satisfait au vœu de notre