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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1180

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[ps. xxxix.]
LES PSAUMES.

5. Bienheureux l’homme dont le nom du Seigneur est l’espérance, et qui n’a point porté ses regards sur des vanités et des folies mensongères.[1]

6. Vous avez fait, vous, Seigneur mon Dieu, beaucoup de choses merveilleuses ; et, dans vos pensées, il n’y a personne qui soit semblable à vous.

J’ai annoncé et j’ai parlé : elles ont été multipliées sans nombre.[2]

7. Vous n’avez pas voulu de sacrifice et d’offrande ; mais vous m’avez parfaitement disposé les oreilles.

Vous n’avez pas demandé d’holocauste et de sacrifice pour le péché.[3]

8. Alors, j’ai dit : Me voici, je viens. En tête d’un livre, il a été écrit de moi,[4]

9. Que j’accomplisse votre volonté (mon Dieu, je l’ai voulu),[5] et

  1. Ps. 39,5-6 : * Heureux l’homme qui se confie en Dieu, dont les merveilles sont sans nombre !
  2. Ps. 39,6 : Et dans vos pensées, etc. Personne n’a des pensées aussi profondes et aussi élevées que les vôtres. Or, le mot pensées comprend aussi les desseins et les jugements. ― J’ai annoncé, etc. ; c’est-à-dire, suivant l’explication de Symmaque et de saint Jérôme, lorsque j’ai voulu annoncer ces pensées et en parler, elles se sont trouvées en trop grand nombre pour pouvoir être racontées. ― Elles ont été multipliées (vos pensées) ; le verbe en latin est au masculin : multiplicati, parce que l’auteur de la Vulgate l’a fait concorder, non pas avec le latin cogitationes, qui est du féminin, mais avec le grec dialogismoï, qui est du masculin, et dont cogitationes est la traduction. Ce genre d’anomalie se trouve encore dans le livre de la Sagesse, 1, 7, où le neutre hoc quod concorde, non avec le latin spiritus, qui est du masculin, mais avec le grec pneuma, qui signifie aussi esprit, mais qui est du genre neutre.
  3. Ps. 39,7 : Voir Hébreux, 10, 5. ― Vous m’avez parfaitement disposé les oreilles. Le texte hébreu porte : Vous m’avez percé les oreilles ; ce qui, selon bien des interprètes, serait une allusion à la coutume des anciens hébreux chez lesquels on perçait une oreille à un esclave qui ne voulait pas quitter son maître à l’année sabbatique (voir Exode, 21, 5-6 ; Deutéronome, 15, 17). Ce percement de l’oreille était un signe symbolique d’acquiescement et d’obéissance. On peut remarquer que la leçon de la Vulgate n’est pas opposée à celle du texte primitif, bien qu’elle ne soit pas aussi explicite. Les éditions des Septante, la plupart des Pères grecs ou latins et saint Paul lui-même, appliquant ce texte à Jésus-Christ (voir Hébreux, 10, 5), porte : Vous m’avez préparé, adapté un corps ; ce qui caractérise plus expressément le sacrifice de Jésus-Christ.
    Ps. 39,7-9 : * Comment remercier Dieu de ses bienfaits ? Par des sacrifices ? Non, par l’obéissance.
  4. Ps. 39,8 : En tête d’un livre. C’est ainsi qu’on lit dans la Vulgate et les Septante ; l’hébreu porte dans un rouleau de livre ; sens que quelques-uns donnent aussi à la traduction des Septante. D’autres, se fondant principalement sur ce que Jésus-Christ dit dans Luc, 24, 25-27, 44 et dans Jean, 5, 39 ; 7, 38, expliquent le mot tête de la Vulgate et des Septante par somme, totalité des Écritures. Le Sauveur dit formellement, en effet, dans Jean, 5, 39 : « Scrutez les Écritures…, car ce sont elles qui rendent témoignage de moi » et dans Luc, 24, 44 : « Il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit de moi dans le livre de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. »
  5. Ps. 39,9 : Votre loi étant à l’accusatif dans le grec et dans le latin, est nécessairement un complément du verbe j’accomplirais (facerem), aussi bien que votre volonté (voluntatem tuam), qui précède. ― Qui est ne présente nullement une addition arbitraire ; c’est une expression qui se sous-entend dans les auteurs sacrés. Ainsi, la traduction ordinaire, qui fait des mots votre volonté le sujet d’une phrase nominale, forme un vrai contre-sens.