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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1454

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1. Qu’il est bon et doux, Seigneur, votre esprit en toutes choses !

2. Et c’est pour cela que vous châtiez par parties ceux qui s’égarent ; au sujet de leurs fautes, vous les reprenez et les exhortez, afin qu’abandonnant le mal, ils croient en vous, Seigneur.[1]

3. Car ces anciens habitants de votre terre sainte que vous avez eus en horreur,[2]

4. Parce qu’ils faisaient des œuvres odieuses à vos yeux par des enchantements, et des sacrifices injustes ;[3][4]

5. Qu’ils tuaient sans pitié leurs propres enfants ; qu’ils mangeaient les entrailles des hommes et dévoraient leur sang, au milieu de votre terre sacrée,[5]

6. Et étaient tout ensemble les pères et les meurtriers des âmes non secourues, vous les avez voulu perdre par les mains de nos pères,

7. Afin qu’elle reçût, la colonie des enfants de Dieu, cette terre qui vous est la plus chère de toutes.

8. Et cependant vous les avez épargnés, comme étant hommes, et vous avez envoyé, comme des avant-coureurs de votre armée, des guêpes, afin qu’elles les exterminassent peu à peu.[6]

9. Non que vous fussiez impuissant à assujettir par la guerre les impies aux justes, ou à les faire périr soudain par des bêtes cruelles ou par votre parole sévère ;

10. Mais les châtiant par parties, vous donniez lieu au repentir, n’ignorant pas que leur nation était méchante, leur malice naturelle, et que leur pensée ne pourrait être changée à jamais.[7]

  1. Sg. 12,2 : Par parties (partibus) ; partiellement ou graduellement, peu à peu et non tout d’un coup, comme ceux qui craignent que leurs ennemis ne leur échappent.
  2. Sg. 12,3 : Voir Deutéronome, 9, vv. 2, 12, 29 ; 18, 12. ― Ces anciens habitants, etc. ; c’est-à-dire les Chananéens.
  3. Sg. 12,4-5 : On ne saurait taxer de faux l’auteur de la Sagesse dans les détails qu’il donne ici des crimes des Chananéens, et dont les anciennes Ecritures ne chargent pas ce peuple. On sait que plusieurs peuples de Chananéens immolaient leurs propres enfants aux fausses divinités. On sait encore que dans la plupart des sacrifices la coutume était de manger quelque partie de la victime offerte ; il est donc très vraisemblable que ceux qui immolaient des victimes humaines aient porté l’excès jusqu’à manger quelque partie de ces victimes. Ainsi, quoique dans les autres endroits de l’Ecriture, où il est parlé de Chananéens, il ne soit rien dit de cette coutume abominable de manger les entrailles des hommes et de dévorer leur sang, ce n’est pas une raison suffisante pour rejeter le témoignage de l’auteur de ce livre, lorsqu’il assure positivement cette abomination et cette horreur.
  4. Sg. 12,4 : Des sacrifices injustes ; dans lesquels ils immolaient leurs enfants à l’idole de Moloch. Comparer le verset suivant et Lévitique, 18, 21.
  5. Sg. 12,5 : Au milieu de votre terre sacrée (a medio sacramento suo). C’est l’explication des anciens interprètes et celle qui nous semble la meilleure. La Palestine était, en effet, une terre consacrée à Dieu, depuis qu’il avait promis par serment (sacramento) de la donner aux descendants d’Abraham, et d’y établir le siège de la vraie religion. C’est de là qu’elle est encore appelée terre sainte (voir verset 3), et terre la plus chère de toutes à Dieu (voir verset 7).
  6. Sg. 12,8 : Et vous avez envoyé, etc. Comparer à Exode, 23, vv. 28, 30 ; Deutéronome, 8, 20.
  7. Sg. 12,10 : Voir Exode, 23, 30 ; Deutéronome, 7, 22. ― Châtiant ; littéralement jugeant (judicans). Nous avons déjà fait observer que dans le style biblique, juger signifiait aussi les suites du jugement, comme condamner, punir, châtier. ― Par parties ; par degrés, peu à peu. Comparer au verset 2.