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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2395

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[ch. xiv.]
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L’ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.

2. Et il dit à ses serviteurs : C’est Jean-Baptiste, c’est lui-même qui est ressuscité des morts, et voilà pourquoi des miracles s’opèrent par lui :

3. Car Hérode s’était saisi de Jean, l’avait chargé de fers et jeté en prison, à cause d’Hérodiade, femme de Philippe son frère.[1]

4. Car Jean lui disait : Il ne t’est pas permis de l’avoir.[2]

5. Et voulant le faire mourir, il craignit le peuple qui le tenait pour prophète.[3]

6. Or, au jour de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodiade dansa au milieu de sa cour, et plut à Hérode.[4]

7. D’où il lui promit, avec serment, de lui donner tout ce qu’elle lui demanderait.

8. Mais elle, instruite à l’avance par sa mère : Donnez-moi, dit-elle, ici dans un bassin, la tête de Jean-Baptiste.

9. Et le roi fut contristé ; cependant à cause du serment et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât.

10. Et il envoya décapiter Jean dans la prison.[5]

11. Et sa tête fut apportée dans un bassin, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère.

12. Or ses disciples étant venus prirent son

    principes (voir Luc, 13, 31-32). Exilé à Lyon, en l’an 39, il fut transféré ensuite en Espagne, où il mourut.

  1. Matth. 14,3 : Voir Marc, 6, 17 ; Luc, 3, 19. ― * Hérodiade était fille d’Aristobule, un des fils d’Hérode le Grand et de Marianne ; elle était sœur d’Hérode Agrippa Ier. Elle épousa d’abord Hérode Philippe Ier, mais elle le quitta pour Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand, comme Philippe Ier, mais par une autre femme. Hérode Antipas était déjà marié depuis longtemps avec une fille d’Arétas, roi d’Arabie. Ce dernier, pour venger l’affront fait à sa fille, attaqua l’armée d’Hérode et la tailla en pièces. Le peuple, raconte Josèphe, considéra cette défaite comme une juste punition du meurtre de Jean-Baptiste, commis peu auparavant pour plaire à Hérodiade et à sa fille Salomé. Ce ne fut pas du reste le seul châtiment que Hérodiade attira sur Antipas. Cette femme ambitieuse le pressa d’aller à Rome pour y obtenir le titre de roi. Les émissaires d’Agrippa combattirent ses prétentions à la cour de Caligula et il fut exilé à Lyon, l’an 39 de notre ère. Sa coupable épouse l’y accompagna et c’est là qu’elle mourut. ― Philippe, le mari légitime d’Hérodiade, fils d’Hérode le Grand et de Marianne, avait été déshérité par son père et vécut comme simple particulier. C’est sans doute ce qui porta l’ambitieuse Hérodiade à l’abandonner pour Hérode Antipas. Il ne faut pas confondre ce Philippe avec son demi-frère Philippe le tétrarque d’Iturée et de Trachonitide dont parle saint Luc, 3, 1.
  2. Matth. 14,4 : * La loi de Moïse prohibait le mariage entre beau-frère et belle-sœur, même divorcés (voir Lévitique, 18, 16).
  3. Matth. 14,5 : Voir Matthieu, 21, 26.
  4. Matth. 14,6 : La fille d’Hérodiade qui se fit donner par Hérode Antipas la tête de saint Jean-Baptiste, en récompense de ses danses, s’appelait Salomé. Elle était fille d’Hérode Philippe Ier, l’époux légitime d’Hérodiade. Elle épousa en première noces Philippe, tétrarque de Trachonitide, et plus tard Aristobule, roi de Chalcis.
  5. Matth. 14,10 : * Dans la prison. Josèphe nous apprend que saint Jean-Baptiste était emprisonné à Machéronte (Machærus, aujourd’hui M’Kaur), à l’est de la mer Morte. C’était une forteresse construite par Alexandre fils d’Hyrcan Ier. Hérode le Grand en avait fait la place la plus forte de la Pérée. La citadelle, située sur une colline de rochers très élevés, au milieu de vallées profondes, était entourée d’une enceinte haute de 160 coudées, qui enfermaient le palais royal. Elle est à 1158 mètres au-dessus de la mer Morte, à 764 mètres au-dessus de la Méditerranée.