Aller au contenu

Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2433

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donna un signe, disant : Celui que je baiserai, c’est lui-même, saisissez-le.

49. Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : Je vous salue, maître. Et il le baisa.[1]

50. Et Jésus lui répondit : Mon ami, dans quel dessein es-tu venu ? Alors ils s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et se saisirent de lui.

51. Et voilà qu’un de ceux qui étaient avec Jésus, étendant la main, tira son épée, et, frappant le serviteur du prince des prêtres, lui coupa l’oreille.

52. Alors Jésus lui dit : Remets ton épée en son lieu ; car tous ceux qui se serviront de l’épée périront par l’épée.[2]

53. Penses-tu que je ne puisse pas prier mon Père, et qu’il ne m’enverra pas à l’heure même plus de douze légions d’anges ?[3]

54. Comment donc s’accompliront les Ecritures, disant qu’il doit en être ainsi ?[4]

55. En cette heure-là, Jésus dit à la troupe : Vous êtes sortis comme contre un voleur avec des épées et des bâtons afin de me prendre ; j’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point pris.

56. Or tout cela s’est fait, pour que s’accomplissent les Ecritures des prophètes. Alors tous les disciples l’abandonnant, s’enfuirent.[5]

57. Mais les autres, se saisissant de Jésus, l’emmenèrent chez Caïphe, prince des prêtres, où s’étaient assemblés les scribes et les anciens du peuple.[6]

58. Or Pierre le suivit de loin, jusque dans la cour du prince des prêtres ; et y étant entré, il s’assit avec les serviteurs, pour voir la fin.

59. Cependant les princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus, pour le livrer à la mort.[7]

  1. Matth. 26,49 : Maître. Dans le texte latin Rabbi. Voir sur ce mot, Jean, note 1.38.
  2. Matth. 26,52 : Voir Genèse, 9, 6 ; Apocalypse, 13, 10. ― Périront par l’épée ; c’est-à-dire mériteront de périr par l’épée.
  3. Matth. 26,53 : Dans la milice romaine, la légion était composée de six mille hommes.
  4. Matth. 26,54 : Voir Isaïe, 53, 10.
  5. Matth. 26,56 : Voir Lamentations de Jérémie, 4, 20 ; Marc, 14, 50.
  6. Matth. 26,57 : Voir Luc, 22, 54 ; Jean, 18, 24. ― Selon le récit plus ample de saint Jean (voir Jean, 18, verset 13 et suivants), ils le menèrent d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, et ensuite chez Caïphe. ― D’après la tradition, la maison de Caïphe, soit que ce fût sa propre maison, soit que ce fût celle des grands prêtres, était sur le mont Sion, dans la ville haute, à l’endroit où est aujourd’hui un petit couvent qui appartient aux Arméniens. Ce couvent occupe un emplacement triangulaire, en dehors de la porte actuelle qui porte le nom de Bab-es-Sioun ou Porte de Sion. On remarque au milieu une petite cour. C’est là, croit-on, que saint Pierre se trouvait pendant qu’on jugeait son maître et qu’il le renia trois fois. Nicéphore nous apprend que sainte Hélène avait bâti en ce lieu une église dédiée au Prince des Apôtres.
  7. Matth. 26,59 : Tout le conseil, le sanhédrin. Le sanhédrin, qui est souvent désigné dans les Evangiles par la périphrase : les princes des prêtres, les scribes et les anciens du peuple (voir Marc, 14, vv. 43, 53) parce que c’étaient là les membres qui le constituaient, était le conseil et le tribunal suprême des Juifs. Il était composé de soixante-douze membres ; le grand-prêtre en était le président ; les vingt-quatre chefs des familles sacerdotales ou princes des prêtres (voir Matthieu, 2, 4) y représentaient l’élément sacerdotal ; les scribes, la science juridique de la loi (voir Matthieu, 2, 4) ; les anciens du peuple, le reste d’Israël. Les Juifs faisaient remonter à Moïse l’origine du sanhédrin (voir Exode, 18, 17-26) ; mais on ne le voit constitué comme il l’était du temps de Notre-Seigneur qu’après la captivité. Même sous Pilate, le sanhédrin jugeait les causes graves, et il avait le droit de prononcer la peine de mort, à la condition que la sentence fût confirmée par le procurateur romain.