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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/612

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ils pleurèrent et ils jeûnèrent jusqu’au soir, au sujet de Saül, de Jonathas, son fils, du peuple du Seigneur et de la maison d’Israël, parce qu’ils avaient succombé au glaive.

13. Et David dit au jeune homme qui lui avait apporté la nouvelle : D’où es-tu ? Il répondit : Je suis fils d’un étranger, d’un Amalécite.

14. Et David lui dit : Pourquoi n’as-tu pas craint de lever ta main, pour tuer le christ du Seigneur ?[1]

15. Et David appelant un de ses serviteurs, dit : Approche-toi, jette-toi sur lui. Le serviteur le frappa, et il mourut,

16. Et David ajouta : Ton sang sur ta tête ! car ta bouche a parlé contre toi, disant : C’est moi qui ai tué le christ du Seigneur.

17. Alors David fit entendre cette complainte sur Saül et sur Jonathas, son fils

18. (Et il ordonna qu’on enseignât l’arc aux enfants de Juda, comme il est écrit dans le Livre des Justes), et il dit : Considère, ô Israël, ceux qui sont morts sur tes hauts lieux, couverts de blessures.[2]

19. Les illustres, ô Israël, ont été tués sur tes montagnes : comment des forts sont-ils tombés ?

20. Ne l’annoncez pas dans Geth, ne l’annoncez pas dans les carrefours d’Ascalon, de peur que les filles des Philistins ne se livrent à la joie, et que les filles des incirconcis ne bondissent d’allégresse.[3]

21. Montagnes de Gelboé, que ni pluie, ni rosée ne viennent sur vous : qu’il n’y ait point de champs de prémices, parce que là a été jeté un bouclier de forts, le bouclier de Saül, comme s’il n’avait pas été oint avec l’huile.[4]

22. La flèche de Jonathas n’est jamais retournée en arrière, sans avoir du sang de ceux qui ont été tués, et de la graisse des forts, et le glaive de Saül n’est pas revenu en vain.[5]

23. Saül et Jonathas, aimables et beaux dans leur vie, même à leur mort, n’ont pas été séparés ; plus rapides que des aigles, plus forts que des lions.

  1. II Rois 1,14 : Voir Psaumes, 104, 15.
  2. II Rois 1,18 : L’arc. Il nous paraît très simple et très naturel de considérer ce mot, qui a fort embarrassé les commentateurs, comme le titre de la complainte ou élégie de David, parce que l’auteur y fait surtout l’éloge de l’arc de Saül et de celui de Jonathas. Les écrivains profanes en ont souvent usé ainsi dans leurs compositions. ― Tes hauts lieux, les lieux élevés.
  3. II Rois 1,20 : Geth, l’une des cinq villes principales des Philistins, au pied des montagnes de Juda. ― Ascalon, dans la plaine de la Séphéla, sur la Méditerranée, ville forte des Philistins.
  4. II Rois 1,21 : Comme s’il n’avait pas été, etc. Quelques interprètes rapportent ces paroles au bouclier de Saül ; mais la plupart les appliquent à Saül lui-même, qui avait été oint ou sacré avec l’huile sainte. ― Gelboé. Voir 1 Rois, 18, 4.
  5. II Rois 1,22 : Sans avoir du sang. C’est la seule traduction admissible ; car, outre que le contexte l’exige, ce passage est un de ceux dans lesquels la Vulgate, à l’exemple de la Version grecque, donne aux particules hébraïques leur sens le plus ordinaire, bien qu’elles y aient leur signification moins usitée.