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fin de roman

Rosalba, la cadette, était en service chez une vieille dame. Ce n’était pas dans ses souvenirs qu’elle pouvait trouver du contentement, du bonheur.

Alors, en prévision des jours mauvais, elle faisait des visites régulières à la banque.

Une compagne de travail lui avait suggéré de venir habiter là où elle-même avait sa chambre. Luce loua dans cette maison un petit cabinet qui faisait songer à une cellule tellement c’était pauvre et nu. Absolument impossible de faire aucune cuisine. Alors, elle se négligeait. Le matin, avant de se rendre au travail, elle déjeunait d’une bouteille de coca-cola, dînait d’un sac de pommes de terre frites et d’un coca-cola et soupait d’un hot dog et d’un autre coca-cola. En plus, elle buvait au cours de l’après-midi deux ou trois bouteilles de cette liqueur. Plusieurs autres ouvrières faisaient de même, mais le régime ne lui allait guère. Elle était d’une faiblesse extrême. Pour ajouter à cette déplorable diète, elle s’était mise à fumer la cigarette comme toutes les autres femmes de l’usine. « Tu devrais manger de la viande, » lui conseilla une camarade.« Tu ne peux résister à jeûner comme tu fais ». Un soir donc, elle entra dans un restaurant et se fit servir un copieux bifteck, mais elle fut si malade cette nuit-là qu’elle se remit aux pommes de terre frites, aux hot dogs et au coca-cola. Un pareil mépris de l’alimentation rationnelle fut désastreux. Elle tomba malade et dut aller consulter un médecin.

— Il vous faut au moins quinze jours de repos. Mettez la cigarette et le coca-cola de côté et prenez des repas réguliers, ordonna le praticien.

Alors, elle s’habitua à aller manger à un restaurant près de chez elle.