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fin de roman

camp de concentration. On les lui avait enlevés et il ne parvenait pas à en obtenir d’autres. Cela l’empêchait de trouver du travail et de toucher les $2,000 qui lui étaient dus par le gouvernement.

— Avec cet argent-là en poche, je sais bien ce que je ferais, déclara-t-il en regardant Luce avec une expression amoureuse.

Celle-ci était ravie, transportée.

— À demain soir, dit-elle lorsqu’il sortit.

L’aviateur Mérou prit un air embarrassé.

— Écoute, dit-il, je le voudrais bien, mais je suis au bout de mes sous. Je ne sais ce que je ferai demain soir.

— Dans ce cas-là, fit-elle, c’est moi qui paierai le souper pour les deux.

— J’accepte, mais je te rendrai cela prochainement, promit-il.

Ce fut elle qui paya le lendemain, le surlendemain, toute la semaine.

— Je pourrais obtenir une bonne place à Ottawa, $70 par semaine, déclara-t-il un jour, mais tu sais, aujourd’hui, toutes les influences que tu fais jouer, tous les services qu’on te rend, tu dois les payer. Pour décrocher cette place, il faudrait que je fasse un cadeau de $500. Tu comprends, si j’avais cet emploi, tu laisserais l’usine et je t’amènerais là-bas avec moi. Nous pourrions nous marier, si tu voulais de moi, ajouta-t-il avec un sourire enjôleur.

— Avec $500 tu obtiendrais cette position ? interrogea-t-elle.

— C’est un marché qu’on me propose, assura-t-il.

— Bon, je te passerai les $500, fit-elle d’un élan généreux.