Page:Laberge - Fin de roman, 1951.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
fin de roman

— Même mariés, je te les rendrai, affirma-t-il. En trois mois, je pourrais facilement te les rembourser. Et, entre temps, j’espère bien que je recevrai mon $2,000 de salaire dû. Puis, j’y pense, donne-moi donc $520, si tu le peux, parce qu’il faudra que j’aille à Ottawa et que j’invite mon homme à dîner à l’hôtel.

Le lendemain soir, elle lui remit $520, sur les économies qu’elle avait faites en travaillant à l’usine de guerre.

— C’est simplement un prêt, annonça-t-il, en empochant l’argent. Je serai deux jours absent. Ah ! ce que le temps me paraîtra long.

— Et à moi aussi, fit Luce, rendue soudain inquiète par cette absence.

— Puis quand comptes-tu avoir ton emploi ? questionna Luce lorsqu’elle retrouva son aviateur au restaurant.

— Je ne le sais pas encore, mais il va me falloir retourner à Ottawa la semaine prochaine. Je suis censé passer un examen, mais on me donnera toutes les réponses par écrit. Ça, c’est une simple formalité. Ce seront des papiers qu’ils mettront dans les archives pour prouver que tout s’est fait en règle, s’il survenait une difficulté un jour. Ensuite, on m’écrira pour me dire que je suis nommé et la date à laquelle je devrai commencer à travailler. Pour ça, cependant, je vais encore te demander un petit montant, pour faire le voyage et aussi pour m’acheter un complet. Tu sais, j’ai l’air bien pauvre avec ces vieux vêtements. Avec un habillement neuf je n’aurai pas l’apparence d’un quémandeur de place. Lorsque tu n’as besoin de rien ni de personne, tu peux aller avec des guenilles sur le dos, si ça te plaît, mais lorsque tu vas solliciter quelque chose, tu dois être bien mis.