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fin de roman

— Combien désires-tu ? demanda Luce.

— Mettons $75.00. Ce sera amplement suffisant.

Alors, le lendemain, l’aviateur Mérou encaissait le montant.

Lorsqu’il revint deux jours plus tard, il paraissait enchantée. « Les affaires vont bien », déclara-t-il. J’ai passé l’examen et je crois que le salaire sera encore meilleur qu’on me l’avait dit tout d’abord. Il sera entre $75 et $80 par semaine. Penses-tu qu’on vivra bien avec cet argent ? Ce qui me fait le plus de plaisir », ajouta-t-il, « c’est de penser que tu ne seras plus obligée de peiner à cette usine de guerre où tu t’épuises. C’est moi qui gagnerai la vie. »

Une semaine plus tard, il parut soucieux, lorsqu’il prit place à la table du restaurant.

Tout de suite, Luce s’en aperçut.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-elle.

— Bien, tu sais, le type qui me fait obtenir ma place n’est pas le seul à dire son mot. Il m’a téléphoné, m’informant que son copain demande $100. Alors, faudrait bien les lui donner du moment qu’on a déjà tant dépensé et que j’attends ma nomination d’un jour à l’autre.

Luce se fendit alors d’un autre cent piastres.

« C’est une place qui coûte cher », se dit-elle en elle-même.

— Tout est correct, déclara quelques jours plus tard l’aviateur Mérou. J’ai fait tout ce qu’il y avait à faire. Encore quelques jours, et j’aurai ma nomination dans ma poche.

Les jours et les semaines passèrent, mais la nomination se faisait attendre.

— Tu comprends, je ne peux pas parler fort, les menacer. Dans ces affaires-là, on prend ton argent mais on