Page:Laberge - Fin de roman, 1951.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
fin de roman

ne te donne pas de reçu. On ne peut pas aller les trouver pour réclamer. On te mettrait à la porte et si tu cries, on te fait arrêter comme maître-chanteur. Faut y aller en douceur, être patient et attendre.

Alors, il attendait.

Non seulement sa nomination tardait à arriver, mais il n’avait pas encore de nouvelles de son $2,000. Ça ne peut pas tarder, déclarait-il pour faire prendre patience à son amie.

Les jours s’écoulaient.

— Je joue réellement de malheur, annonça-t-il un soir au restaurant. J’ai reçu aujourd’hui une lettre de Drummondville où habite ma mère. Elle a été transportée à l’hôpital pour subir une autre opération pour le cancer. Alors, on me demande cent piastres.

— Mon pauvre ami, il ne me reste pas cent piastres.

— Est-ce que tu ne dois pas recevoir prochainement un bon du gouvernement de $50 ou $100 ? Dans les usines de guerre, tous les employés en prennent.

— Je suis à payer un bon de $50, mais je ne sais quand on va me le remettre.

— Dans ce cas-là, passe-moi cinquante piastres maintenant. Alors, j’écrirai à l’hôpital que j’envoie ce montant aujourd’hui et que je donnerai les autres cinquante piastres tout prochainement. Cela te convient-il ?

— Entendu, répondit Luce.

— Tu ne saurais croire comme cela m’ennuie de te demander tant de sacrifices, mais lorsque j’aurai mon emploi à Ottawa, je m’efforcerai de reconnaître tout ce que tu fais pour moi maintenant. Tu n’auras pas affaire à un ingrat.