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fin de roman

— Oui, puis sa bru qui était veuve a été obligée de gagner sa vie comme couturière, une petite vie et j’imagine que bien souvent, elle a été privée du nécessaire.

Pour aller à l’église

Elle avait dû ruminer cela depuis longtemps dans ces heures de bouderie, dans ces longues journées qu’elle passait sans dire un mot, sans adresser la parole à sa nièce. Alors, elle sortit un matin après le déjeuner et s’éloigna dans la direction du village. Il était près de midi lorsqu’elle rentra. Enlevant son chapeau, elle le déposa sur la table, replaça une mèche grise qui lui retombait sur l’oreille et d’une voix blanche déclara : Je suis allée voir le notaire et il m’a dit que j’avais le droit de me faire conduire à la messe en voiture le dimanche. Alors, tu vas me payer une voiture pour aller à l’église dimanche prochain.

La nièce resta muette.

— Tu comprends, je veux que dimanche, tu me fasses conduire à la messe en voiture, réitéra la tante d’un ton autoritaire.

Et c’était vrai. Elle avait ce droit. Lorsqu’il avait élaboré dans sa tête le projet de donation, le vieux grand-père songeant que l’hiver, par les grands froids et le printemps, à la fonte des neiges, sa femme et sa fille pouvaient difficilement se rendre à pied à l’église le dimanche, avait décidé que son fils qui avait des chevaux, un boghei et un sleigh pour la promenade, devrait conduire sa mère et sa sœur à la messe en voiture.