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fin de roman

— Il paraît que tu t’es bourrée, hein ? Seulement la moitié d’un gâteau pour ton dessert. J’ai déjà vu du monde safre, mais pas comme toi.

— Je l’avais fait pour vous, mais vous n’en avez pas voulu. Alors, j’ai invité nos deux voisines, les demoiselles Martin. Elles ont pris le dîner avec moi et elles ont trouvé le gâteau très bon. Il en reste encore ; vous pourrez en prendre au souper. J’avais fait de la tire aussi. Nous en avons mangé, mais si le cœur vous en dit, vous pourrez vous régaler.

— C’est ça, c’est ça ! Cuisine des bonnes choses pour les étrangers, puis méprise-moi pendant que je ne suis pas là. Ça, c’est bien toi. Ce que tu as dû en raconter des inventions à mon sujet. Tu aimes ça jaser en cachette et dire du mal de moi. Mais malgré tes manigances, il y en a qui me veulent du bien et Mme Lebeau m’a donné une grosse tarte aux confitures de pêches. Et j’ai aussi reçu un beau calendrier illustré et un tablier brodé. Ce disant, elle défait ses colis et exhibe ses cadeaux. T’es jalouse, hein, de ce qu’on m’a fait des cadeaux pour ma fête. Oui, tu es jalouse, jalouse. Ça te fait mal au cœur. Mais ça te fera encore plus mal au cœur lorsque je mourrai sans te laisser une piastre de mon bien. Tu entends, tu ne recevras pas une piastre.

Et c’est ainsi que se célèbre le 85e anniversaire de naissance de la tante Françoise.

Le rôti de veau

Le dimanche, les deux femmes ont mangé un poulet. Alors, le lundi matin, la nièce Zélie demande à la tante ce qu’elle aimerait à avoir pour la semaine.