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fin de roman

— Achète un rôti de veau. J’aimerais ça du veau avec beaucoup de ketchup.

Et Zélie s’en va chez le boucher et revient avec un gros rôti de veau qu’elle met sur le feu.

Au dîner, un beau rôti de viande dorée paraît sur la table. Zélie en taille une épaisse tranche et va pour la déposer dans l’assiette de la tante.

— Non, merci, je n’en prendrai pas, déclare celle-ci.

— Vous n’en prenez pas ? C’est curieux ça.

La tante ne répond pas.

Le lendemain midi, le rôti fait une nouvelle apparition sur la table. Cette fois encore, la tante Françoise refuse d’y goûter.

Le mercredi, c’est la même scène. La tante ne mange pas une seule bouchée du rôti de veau.

Alors, Zélie éclate :

— Vous me demandez un rôti de veau. J’en achète un et ensuite, vous n’y touchez pas. Je suis obligée de me sacrifier, de le manger toute seule. Autrement, je perdrais toute cette viande, je serais obligée de la jeter. Il me semble que c’est un peu du caprice.

— Ben, quand je t’ai demandé d’acheter un rôti de veau, j’en avais le goût, puis, lorsqu’il a paru sur la table, ça ne me disait plus du tout.

Le concombre

La tante a mangé hier soir son premier concombre de la saison. Comme chaque jour, elle faisait vers la fin de l’après-midi son tour du jardin lorsqu’au milieu du feuillage, elle a aperçu un beau concombre ayant pratiquement atteint sa pleine grosseur. Un moment, un bien court mo-