La nièce Zélie s’est éclipsée de la maison après avoir déjeuné de bonne heure et ne rentre que le soir.
— D’où viens-tu ? s’informe la tante en la voyant arriver.
— J’ai été ramasser des framboises chez Légaré. Il m’avait demandé hier et j’ai fait une piastre et demie dans ma journée.
— Tu es bien ambitieuse, hein ? Tu ne penses qu’à gagner de l’argent. Tu en as pourtant assez.
Mais la nuit porte conseil et lorsque Zélie est sur le point de repartir le lendemain, la tante suggère :
— J’ai presque envie d’y aller moi aussi cueillir des framboises.
— Restez donc à la maison. Votre vie est gagnée. Puis, vous n’y voyez presque pas et, pour vous dire la vérité, on ne voudrait pas de vous.
— Ah, oui ! Je suis trop vieille ! Que tu es donc jalouse ! Tu ne veux pas que je me fasse un peu d’argent. Ben, tu peux être sûre que je ne te laisserai pas mon héritage.
Deux cousines des États sont venues rendre visite à Zélie et celle-ci les a généreusement reçues. Elles ont pris un plantureux dîner. Après manger, les visiteuses déclarent : Maintenant, on va aller voir ton jardin. Puis, intéressées, elles sortent avec Zélie suivies de la tante, parcourent toutes les allées, admirent les légumes, causent longuement, puis vont s’asseoir à l’ombre sur un banc. Le soir, elles prennent un copieux souper, puis s’en vont, enchantées de leur visite.