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fin de roman

La tante a la figure fermée, dure.

— « On va aller voir ton jardin », ont-elles dit. Elles auraient bien pu dire, votre jardin, car je suis la plus âgée. Puis, tu as dû me mépriser, parce qu’elles n’ont pas fait attention à moi.

— Oui ? Mais vous n’êtes pas de leur âge.

— Tu veux dire que je suis vieille. Ça c’est vrai, je le sais. Mais elles auraient pu me regarder, me parler. On aurait dit que j’étais une étrangère tandis que je suis leur tante.

Celle-là quand elle aura fini de critiquer, c’est qu’elle sera morte, se dit Zélie en elle-même.

Le sermon

La tante Françoise et Zélie sont allées ensemble à la grand-messe. Le curé est un bien brave homme mais il est vieux et ses idées sont parfois confuses lorsqu’il prêche. « Le bon Dieu est bon. Il faut aimer le bon Dieu. Il est bon le Bon Dieu, vous savez. Il faut le prier, il faut l’aimer le Bon Dieu. » Les paroissiens dorment ou songent à leurs problèmes quotidiens. « C’est la grâce que je vous souhaite, » dit-il, et il descend de la chaire.

— Dieu, qu’il est ennuyant ce curé-là lorsqu’il prêche ! s’exclame Zélie de retour à la maison. Il se répète, il rabâche, il radote. C’est pénible.

— Moi, du moment qu’il parle, je trouve ça beau, riposte la tante.

Les vieux bas

Au moment de repartir pour la ville après avoir passé la belle saison à la campagne, une vague parente apporte