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fin de roman

La visiteuse sort avec son antiquité à la main lorsque la tante Françoise entre.

— Tu lui as vendu l’huilier ? interroge la tante.

— Je le lui ai vendu, répond Zélie.

Alors hargneuse, la tante Françoise déclare :

— C’était à moi. Ça venait de mon père.

Agacée, Zélie, pour avoir la paix lui donne cinquante sous.

La messe de minuit

La tante Françoise avait décidé d’aller à la messe de minuit. Vers le milieu de l’après-midi, elle revêtit sa robe noire des grandes occasions, sortit son manteau et son chapeau.

— Où allez-vous donc ? interrogea Zélie.

— Je vais à la messe de minuit.

— Mais vous avez du temps, il n’est pas encore trois heures et demie.

— Oui, mais je veux avoir une bonne place. Tu sais qu’il va y avoir du monde. Toute la paroisse va être là.

— Puis, si vous partez maintenant, vous allez avoir faim. C’est long d’ici une heure du matin.

— Ben, je vas me prendre une beurrée et je la mangerai vers six heures.

— Vous pourriez souper, partir à neuf heures et vous trouveriez certainement une place de libre.

— Oui, ben j’aime mieux partir maintenant et ne pas prendre le risque d’être debout pendant toute la messe.

Alors, elle se fait une tartine, la glisse dans sa poche de manteau, met son chapeau et sort.