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fin de roman

et attendit. « Elle a peut-être rencontré la cousine Rosalinda à l’église et celle-ci l’aura sans doute amenée chez elle pour passer la nuit. » C’était chose possible. Tout de même, Zélie attendit. Elle attendit longtemps. Il était bien trois heures et quart du matin, lorsque la porte s’ouvrit et que la tante Françoise apparut. Elle pleurait comme un enfant. Les larmes avaient gelé sur sa vieille figure. Sans parler, elle s’écrasa sur une chaise. Épuisée, fourbue, elle n’avait pas la force de faire un mouvement, pas même la force d’enlever son chapeau et son manteau. Ce fut Zélie qui la dévêtit.

— Voulez-vous manger ? Une bonne tasse de thé vous ferait du bien.

— Non, je veux me coucher, répondit la tante.

Et lourdement, toute raide, courbaturée, elle entra dans sa chambre. Zélie entendit le bruit de ses bottines qu’elle laissait tomber sur le plancher. Puis le silence se fit. Pendant vingt heures, la vieille resta plongée dans une profonde torpeur.

Ce fut la dernière fois que la tante Françoise assista à la messe de minuit.

Un ameublement moderne

Cet automne-là, la nièce a fait une grosse, très grosse dépense. Elle a fait recouvrir l’extérieur de la vieille maison blanchie à la chaux d’une imitation de brique comme il y en tant depuis quelques années dans la paroisse.

La tante s’extasie :

— Maintenant que le dehors de la maison est réparé, qu’elle a l’apparence des autres, tu devrais bien rajeunir