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LA VISITEUSE


…une petite maison blanche en face de la rivière… Irene Dolbrook songeait. Avec les mots qu’elle venait de lire, elle essayait de se représenter, de se faire une image de la retraite où elle était invitée à aller se reposer. Fatiguée, déprimée, meurtrie, elle souhaitait ardemment depuis longtemps de se retirer pour quelques jours dans un asile, une maison amie où elle aurait le calme et la paix. Pendant des mois, elle avait agité cette idée dans sa tête, la repoussant puis la reprenant. Elle avait alors songé à un couple âgé qu’elle avait connu au cours d’une croisière il y avait une quinzaine d’années et auquel elle avait rendu visite quelques mois plus tard, à l’époque des fêtes. Depuis, à l’occasion de la Noël et de Pâques, elle n’avait pas manqué d’adresser ses bons souhaits à ses anciens amis. Jamais elle ne les avait oubliés car elle gardait dans sa mémoire et dans son cœur le souvenir de la cordiale sympathie qu’ils lui avaient témoignée lors de leur première rencontre, à une douloureuse période de sa vie.

Touriste américaine qui passait dix jours de vacances au Canada, elle avait au cours d’une croisière Terre-Neuve, Labrador et Saguenay, rencontré M. et Mme Lantier, de Montréal. À ce moment, elle subissait un cruel désappointement et elle était morose, triste, sombre, avait une fi-