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fin de roman

aller souper à La Pagode d’or où il avait eu la rare joie de me trouver et de faire ma connaissance. Sur le champ, je revêtis ma plus jolie toilette, un costume vert très élégant. Au son du timbre, j’allai ouvrir avec confiance, certaine de plaire. En m’apercevant, mon nouvel ami parut charmé.

— Vous êtes encore plus ravissante que l’autre soir. Je ne m’imaginais pas que vous étiez si séduisante. Son regard admiratif restait fixé sur moi. Après un moment, ses yeux firent le tour de la pièce comme pour prendre connaissance avec tout ce qui composait mon cadre. Il avait une figure ravie. Je lui indiquai un siège et je pris place sur mon divan. Il eut un moment d’hésitation, puis vint hardiment s’asseoir près de moi. Malgré l’émoi qui m’avait saisie, je me dis : Soyons sage. Soudain, d’un geste expérimenté, il tenta de m’enserrer dans ses bras. Je me reculai non avec un air hypocrite indigné, mais en femme qui ne prend pas au sérieux ces démonstrations de passion.

— Vous m’affolez, déclara-t-il pour s’excuser. Tiens, sautons dans ma voiture et allons souper.

Dix minutes plus tard, nous étions à La Pagode d’or.

Nous prîmes un excellent souper, nous causâmes et nous dansâmes. Vernon Faber était un garçon intéressant, non pas brillant et amusant comme d’autres mais il avait du charme et de la personnalité. L’on pouvait passer une fort agréable soirée en sa compagnie. Au physique, il était parfait. Non pas bâti en athlète, mais solide, admirablement bien taillé, souple, élégant. Tout en lui était harmonieux. Châtain, avec des yeux bleus, il avait des traits réguliers, une figure distinguée qui s’illuminait fréquemment d’un sourire charmeur, une bouche et des lèvres qui semblaient faites pour des baisers. Je ne l’ai pas vu de-