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fin de roman

prendre pour cela des figures d’enterrement. Puis, quelle est la durée de leur séjour dans ce monastère ?

— Trois jours.

— Est-ce qu’ils passent tout ce temps à errer comme des âmes en peine ? questionna Irene.

— Non. Ils prient en groupe, ils écoutent des instructions par un père, ils se confessent et ils reçoivent la communion.

— Est-ce qu’ils sont meilleurs après cela ?

— Pendant quelques jours.

— Ils se confessent. Mais c’est une confession que je vous ai faite moi-même. Et moi aussi, j’espère être plus heureuse pendant quelque temps au moins.

Les deux promeneurs continuèrent leur route. Au retour, lorsqu’ils passèrent devant le monastère, les retraitants traversaient la véranda et entraient dans une salle en priant à haute voix. L’un d’eux commençait une oraison et les autres répondaient.

C’était un ronronnement confus.

— Ils récitent le chapelet, expliqua M. Lantier. Et les deux promeneurs s’éloignèrent dans le monotone bourdonnement des suppliants égrenant les oraisons.

Les jours s’écoulaient. La visiteuse les passait assise devant la Rivière Endormie. Devant l’eau calme et tranquille, le passé s’éloignait, s’effaçait, était aboli comme un mauvais rêve. Elle lui devait le renouvellement de sa mentalité.

« J’ai obtenu la cure que je cherchais, se disait-elle, et je vais m’en aller guérie ».

Une semaine environ après l’arrivée d’Irene Dolbrook au pays de la Rivière Endormie deux religieuses s’amenèrent un matin chez M. et Mme Lantier. La plus jeune âgée