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fin de roman

— Puis, le curé, qu’est-ce qu’il fournira ? demande Dupras.

— Le curé, répond Thérèse, il dira des messes pour le repos de son âme. Comme ça, ça ne lui coûtera pas cher.

René, le plus jeune des garçons, aimerait à faire les choses convenablement, mais ce n’est pas lui qui tient les cordons de la bourse à la maison. C’est sa femme Léonie qui n’est pas extravagante. Elle connaît la valeur de l’argent Léonie. Elle ne jette pas les piastres par les fenêtres. Elle ne parle jamais que d’économiser, que d’amasser de l’argent.

— Papa, dit-elle, a amassé de l’argent, il n’a jamais gaspillé son bien et aujourd’hui, il est à l’aise, sans inquiétude. Il faut faire comme lui et ménager l’argent qu’on gagne. C’est bien commode d’avoir de l’argent et ceux qui n’en ont pas, c’est parce qu’ils n’ont pas voulu en amasser. C’est ce que papa m’a dit cent fois et il sait ce qu’il dit papa.

Alors ce n’est pas avec une femme comme ça que René fera chanter un service de première classe à son père.

Son heure n’était toutefois pas encore arrivée au père Dubon et il prit du mieux. Seulement, il devint bien gâteux. Il n’avait plus conscience de ses actes. Il souillait son lit, ses vêtements ou le parquet. Alors, il lui arrivait de recueillir ses ordures, de les envelopper dans un mouchoir et, avec un sourire niais, de présenter le petit colis à la religieuse qui entrait en lui disant : « Tiens, c’est pour vous, ma sœur. »

Pas de malice, évidemment. L’intelligence presque abolie.

Mais la religieuse qui devait pratiquer les vertus d’humilité et de charité avait bien de la peine à conserver la